Un été imprévisible

En cette période de vacances, la météo revêt une importance particulière. Les écarts météorologiques sont nombreux, dans les excès de précipitation, et le dans le nombre et l’ampleur des feux de forêts.
Ces lourdes incertitudes se retrouvent dans la géopolitique mondiale, et dans chacun des 4 arcs de crise du monde.
Le Proche et Moyen-Orient, connaît actuellement le plus grand nombre d’actions militaires sur une vaste zone, de Gaza au Liban, en passant par la Syrie et le Yémen.
Nous attendons un cessez-le-feu à Gaza, pour une période de 60 jours, mais cette attente ne cesse de s’allonger, et les morts civils et militaires continuent d’augmenter, sans qu’un seul otage soit libéré.
Le renversement du régime de Bachar al-Assad a laissé la mosaïque syrienne, ethnique et religieuse en miettes. L’arrivée d’Ahmed al- Charaa s’est déroulée sans combats majeurs, mais les derniers jours ont fait voir des affrontements durs entre minorité Druze de filiation chiite, et Bédouins du sud, sunnites. L’implication de l’armée syrienne est confuse, mais les frappes israéliennes ont régionalisé la tension…. Les prochaines semaines seront cruciales pour éviter une déstabilisation syrienne plus large.
Israël poursuit au Liban des frappes, peu nombreuses mais réelles, afin de maintenir une pression sur le Hezbollah, en vue d’aboutir à son désarmement. Celui-ci, même partiel, concernant les armes lourdes seulement, serait une première étape importante. Les États-Unis maintiennent une pression maximale en vue d’obtenir un tel résultat, crucial, pour le rééquilibrage politique et économique du Liban.
La poursuite des lancements de missiles par les Houthis depuis le territoire du Yémen, et leurs opérations de piratage maritime ne pourront rester sans réponse tant d’Israël que de ses alliés. Washington a signé un cessez-le-feu avec ce mouvement, mais le Pentagone pourra-t-il rester sans réagir à cette rupture de l’accord ? Forte zone d’incertitude, d’autant que Téhéran est le parrain de cette minorité,…chiite….
L’ensemble de la région est donc sous tension militaire. Certes, les interventions de l’armée israélienne dans la région, depuis 1 an, ont abouti à une totale redistribution des cartes au détriment de Téhéran, mais une stabilité nouvelle, très attendue, n’est pas totalement en vue. La période de l’été sera donc très importante.
Plus au nord, dans l’arc de crise de la frontière occidentale russe, le conflit entre la Russie et l’Ukraine, se poursuit avec des raids russes de drones, de grande ampleur, malgré les actions diplomatiques américaines. De nouvelles sanctions annoncées par Washington, sous 50 jours, n’ont eu pour résultat que des perspectives de frappes nucléaires, préventives, exprimées par Dimitri Medvedev….. Le cessez-le-feu sans condition, proposé par Kiev, est toujours une …… condition inacceptable…. pour le Kremlin. La réalité économique russe sera-t-elle un allié inattendu dans ce processus ? Le ministre russe de l’économie n’a-t-il pas déclaré que le pays était au bord de la récession… ? Le taux de la Banque Centrale Russe, à 20%, paralyse les investissements des entreprises et des particuliers. Mais il protège le Rouble. Terrible dilemme, comment relancer l’économie en baissant les taux, sans affaiblir le Rouble et relancer l’inflation déjà à 10% ? La période estivale se présente comme un carrefour, plus important qu’on ne le croit, dans ce conflit.
Dans l’arc de crise de la Mer de Chine, le nord et le sud, ne sont pas sans vague…. La Corée du Nord poursuit ses provocations militaires, et la Chine a mené de vastes manœuvres aéronavales autour de Taïwan. Il s’y ajoute, au sud, les heurs réguliers avec les bateaux philippins.
Le gouvernement de Taïwan vient de lancer d’importantes manœuvres militaires sous le nom subtilement choisi de « Han Kuang » traduisible par « le Han éclairé, ou lumineux » faisant ainsi référence à l’ethnie commune entre l’île et….. le continent (!).
Ces manœuvres simuleront les 3 formes de combat possible, invasion, frappes de précision, et guerre urbaine, en mobilisant au-delà des forces militaires, plus de 20.000 réservistes. Pékin, sans répondre militairement, se devra de mener une active campagne de communication devant cette « provocation taïwanaise »….. L’été ne sera pas serein en Mer de Chine.
Enfin, l’Afrique. Si les combats ont cessé entre le Rwanda et la RDC, par l’intermédiation des États-Unis, la stabilité n’est pas de mise dans le 4ème arc de crise, celui du Sahel. La poussée russe de ces dernières années, est loin d’apporter des résultats sécuritaires et économiques promis, et espérés par les populations du Mali, du Niger, et du Burkina Fasso. La Russie a remplacé les milices Wagner, mais fait face à un accroissement de l’activisme djihadiste, alors que ses forces ne sont pas vraiment préparées à cette forme de combat. De plus la perte de son point d’appui logistique en Syrie, complique le ravitaillement de ses troupes. Il faut donc s’attendre cet été à la poursuite de la dégradation de la situation dans cet arc de crise.
Au-delà de ces situations géopolitiques tendues et incertaines, chers amis lecteurs et abonnés, je vous souhaite, ainsi qu’à votre famille, de passer une très agréable période estivale, et de très bonnes vacances. Puissiez-vous vous éloigner des soubresauts des relations internationales, et profiter de conditions météo, les plus sereines et ensoleillées, possibles ! Agréable repos.
Bien à vous. Gérard Vespierre