L’échec + de…. l’OPEP+

Vladimir Poutine, Mohamed Ben Salman, 6 décembre Riyad

Vladimir Poutine, Mohamed Ben Salman, 6 décembre Riyad
Credit photo Bloomberg. Source SBA

La réunion du 30 novembre de l’OPEP+ réunissant 23 pays producteurs de pétrole, a confirmé la volonté de resserrement de production des pays membres. Une telle décision était destinée à faire remonter les cours vers les 90$. Or, une semaine plus tard, non seulement le cours du baril de Brent n’a pas augmenté mais il a diminué en moyenne de …7% pour se situer autour d 75$….. ! Que s’est-il donc passé ? L’OPEP+ est passé du pays des chimères à celui des réalités.

Si les observateurs ont les yeux rivés sur les cours, la réalité de la géostratégie du pétrole va bien au-delà de ce simple chiffre. Pour commencer la structure même de l’organisation n’a cessé de s’élargir. Des 5 pays membres initiaux à sa création en 1960, l’OPEP s’est progressivement élargie à 13 pays, pour accueillir, en 2016, 10 autres partenaires, en devenant OPEP+. Au final, les 23 pays concernés représentent un peu plus de 50% de la production mondiale, mais par contre, ils constituent une beaucoup plus grande diversité de situations économiques, et présentent donc des divergences d’intérêts.

De plus, les membres de l’organisation ne peuvent que constater la diminution de leurs parts de marché, puisque la diminution de leur production est compensée par des pays non membres, tels les Etats-Unis, et le Canada, qui dépassent leurs précédents niveaux records de production. Une diminution de part de marché, ne constitue pas une réalité particulièrement réjouissante.

Déclaration unanime. Action dispersée

La décision qui vient d’être prise de maintenir et d’amplifier la réduction de production est d’autant plus inadaptée, que l’OPEP+ évoque des réductions « VOLONTAIRES ». Quel peut être le résultat d’une politique menée par 23 acteurs, sur la base du volontariat ? Une seule, le désordre. Les pays leaders de l’organisation, par leur niveau de production, l’Arabie Saoudite et la Russie, vont agir dans le sens annoncé, mais beaucoup d’autres, à l’exemple de l’Iran, vont agir selon leur intérêt à court terme….

Nous assistons donc beaucoup plus à un chacun pour soi, qu’à une politique de consensus. Le résultat concret est la poursuite du repli des cours, parce que l’offre ne diminue pas…. !

La visite imprévue de Vladimir Poutine à Riyad et Abu Dhabi ne saurait changer l’orientation du marché. La Russie et l’Arabie Saoudite souhaitent un cours autour des 90$ pour satisfaire leurs besoins de financement, de guerre pour l’un, et d’investissements de diversification pour l’autre. Mais beaucoup de leurs partenaires, africains, du Moyen-Orient et d’Amérique du sud, Angola, Iran, Mexique, Venezuela, préfèrent augmenter leur production en 2023 pour accroître leurs recettes.

De plus en plus de dispersion

Plus un club augmente le nombre de ses membres, plus il devient difficile pour les dirigeants de ce club de recueillir l’unanimité en faveur de leurs décisions. L’OPEP + est exactement confrontée à cette situation. Mais cela n’a pas été compris, puisque l’organisation souhaite augmenter encore le nombre de ses membres en proposant au Brésil de les rejoindre.

L’entrée du Brésil, avec une réponse favorable exprimée par le président Lulla, va donc très certainement se concrétiser. Mais le choix du Brésil, est un choix politique, de rejoindre pour la façade, des pays du « Sud Global ». Mais, la réalité Brésilienne sera de suivre ses propres intérêts pétroliers et économiques, à savoir une augmentation de sa capacité de production pétrolière comme elle le fait depuis des années. Les exigences de financement et de développement d’un pays de plus de 200 millions d’habitants ne sont pas celles de pays de quelques millions, ou dizaines de millions.

Cette nouvelle situation de l’OPEP+ n’a pas été jusqu’ici mise réellement en évidence. La visite surprise du président russe en Arabie Saoudite n’a pas eu pour objet que les combats au Proche-Orient. C’est un désagrément pour les deux parties de voir les cours du pétrole continuer de se replier malgré les choix et déclarations du 30 novembre.
Ajoutons aussi que de l’autre côté, les intérêts des principaux pays consommateurs jouent aussi certainement un rôle, et une influence. Quels sont les deux principaux ? Les États-Unis et …la Chine….!