Intervention à l’assemblée nationale, 12 janvier 2022

intervention à l'assemblée nationale

Le Comité Parlementaire pour un Iran Démocratique, CPID, a tenu sa réunion de fin de mandature, le 12 Janvier, dans les locaux de l’Assemblée Nationale. Ce Comité regroupe des députés issus de différentes sensibilités politique de la majorité et de l’opposition.

Il soutient toutes les initiatives pouvant conduire à des choix de liberté et de démocratie que le peuple iranien exprimera un jour. Il apporte en conséquence son appui aux objectifs de renouveau démocratique, exprimés dans les 10 objectifs du Conseil National de la Résistance Iranienne, CNRI.

Le CPID considère que l’actualité sur l’Iran est beaucoup trop focalisée sur les négociations nucléaires, aux dépens de la connaissance des réalités intérieures du pays. Ces réalités s’imposeront un jour au régime religieux, et risquent fort de le remettre en question.

La présidente Mme Michèle de Vaucouleurs a cherché, au cours de ses 5 années de mandature, à ce que le Comité dispose d’un panorama complet de la situation en Iran. Cela a impliqué de connaître actions et projets de la résistance iranienne. La présidente, élue, du Conseil Nationale de la Résistance Iranienne (CNRI) Maryam Radjavi, était l’invitée de cette session du Comité.

Mme Radjavi a présenté la situation sociale et politique en Iran ainsi que les progrès de la Résistance. Les échanges ont permis aux députés de connaître l’analyse et le point de vue du Conseil national de la résistance iranienne sur les perspectives de changement de régime à Téhéran.

Dans son intervention, Maryam Radjavi a félicité les représentants français à l’occasion de la nouvelle année, 2022 en déclarant : « Le soutien du CPID et de ses députés à la cause du peuple iranien et de sa résistance, est inestimable. La participation de chacun de vous est précieuse. Pendant cette législature, vous avez été un écho efficace des revendications du peuple iranien en France et en Europe. Vos messages de solidarité ont encouragé le peuple iranien dans son combat pour la liberté et la démocratie. C’est pourquoi, je tiens à vous saluer et à vous remercier chaleureusement et j’espère qu’en 2022, nous continuerons notre marche commune pour la libération de l’Iran. »

Plusieurs députés, ont pris la parole.

André Chassaigne (Puy-de-Dôme) vice-président du Comité parlementaire pour un Iran démocratique, a évoqué les soulèvements populaires en Iran, en particulier le récent soulèvement de la population d’Ispahan. Il a également salué le rôle de Unités de résistance affiliées au mouvement des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI) dans la conduite de ces soulèvements. Il a spécialement mentionné le courage de ses militants qui doivent faire face chaque jour au danger des arrestations et tortures par les agents répressifs du régime.

Yannick Favennec-Becot (Mayenne) vice-président du CPID, a abordé les ambitions agressives du régime des mollahs au Moyen-Orient et a également évoqué la tendance à la baisse de l’influence néfaste de Téhéran en Irak, au Liban, et la Syrie.

M. le député Hervé Saulignac (Ardèche) vice-président du CPID, a relevé la détérioration de la situation des droits de l’homme en Iran ainsi que la multiplication des exécutions, notamment après l’accession à la présidence d’Ebrahim Raïssi : « Le gouvernement français peut-il avoir la même approche avec un interlocuteur accusé de crimes contre l’humanité par Amnesty International et des experts de l’ONU ? D’autant plus que l’année dernière, un diplomate de ce régime a été condamné, en Belgique, à 20 ans de prison pour son rôle dans la tentative d’attentat contre un rassemblement du Conseil national de la Résistance iranienne, en France, à Villepinte en 2018. Il est temps que le gouvernement français se tienne aux côtés du peuple et de sa résistance. »

Philippe Gosselin (Manche) vice-président du CPID, s’est réjoui des progrès réalisés dans la reconnaissance de l’action de la Résistance iranienne sur le plan international. Il a exprimé son admiration pour la construction d’Ashraf 3 en Albanie, regroupant plus de 3.000 membres de la résistance iranienne, et de son impressionnant musée des souvenirs et des tortures subies par les membres de la Résistance. Le massacre de 30.000 d’entre eux ordonné par Khomeini en 1988, doit impérativement aboutir à une condamnation pour crime contre l’humanité pour les auteurs et les juges, dont le nouveau président iranien, Ebrahim Raïssi.

Plusieurs autres personnalités, François Colcombet, ancien juge et député honoraire et Jean-François Legaret, ancien maire du 1er arrondissement de Paris, ont apporté des éclairages précieux sur la situation en Iran.

J’ai eu le plaisir de clôturer cette réunion en évoquant, les profondes interrogations des politiques et des religieux sur l’avenir du régime, ainsi que les actions croissantes des Unités de Résistance, à l’intérieur de l’Iran.

Le personnel politique iranien exprime au plus haut degré, son interrogation sur son avenir. Il suffit de connaître l’interrogation exprimée par Nategh-Nouri, ancien ministre de l’intérieur et ancien président de l’Assemblée Nationale iranienne, le Majlis.

En mai 2018, au lendemain des décisions américaines de couper les exportations iraniennes de pétrole, pour aboutir à de nouvelles négociations nucléaires, ce haut responsable politique a en effet déclaré : « Le problème que nous avons n’est pas la négociation nucléaire, le problème est de savoir combien de temps nous allons pouvoir rester au pouvoir ».
On ne saurait être plus clair. Il y a plus de 3 ans, les plus hautes autorités politiques iraniennes s’interrogeaient déjà, ouvertement, sur le sort que la population iranienne allait réserver à son actuel régime politique.

La sphère religieuse, dont l’importance est considérable, politiquement et économiquement se livre aux mêmes interrogations. Il n’en est pour preuve les déclarations de l’ayatollah Javadi-Amoli, ancien prédicateur de la prière du vendredi (nommé par le pouvoir) à Mashhad, deuxième plus grande ville d’Iran : « Le jour où le peuple lancera une révolution, nous (les religieux) nous serons tous jetés à la mer ». A nouveau, on ne saurait être plus clair…..

Tous deux hommes d’expérience, plus de 75 ans, ils ont traversé, depuis la révolution de 1979, toutes les années du régime de la République Islamique d’Iran. Ils le connaissent parfaitement de l’intérieur, tout comme ils connaissent, par leurs réseaux, le sentiment populaire. Le politique et le religieux s’accordent, l’avenir du régime est très sombre.

Ces propos et ces sentiments sont repris par les médias officiels, qui avertissent sans cesse le pouvoir sur l’influence grandissante de l’opposition au régime, principalement représentée par l’Organisation des Combattants du Peuple Iranien (OMPI) et principale composante du Conseil Nationale de la Résistance Iranienne, CNRI. Les médias ne cessent de rappeler au pouvoir que : « le feu couve sous la cendre ».

En troisième lieu, cette situation socialement explosive se traduit par une mobilisation croissante, en particulier de la jeunesse, contre le régime, sous la forme d’Unités de Résistance. Des milliers d’entre elles se sont constituées dans ce vaste pays de plus de 82 millions d’habitants.

Elles réalisent chaque nuit des « actes de résistance » collage d’affiches, destruction de symboles du régime, panneaux publicitaires, attaque de bâtiments de la justice, des forces de l’ordre ou des fondations religieuses. Le plus récent et emblématique a été la destruction le 5 janvier de la statue du Général Soleimani, qui venait d’être inaugurée, à Shahrekord, en célébration du 2ème anniversaire de sa mort à Bagdad, par un missile tiré d’un drone américain.

Nous connaissons la force de la répression policière en Iran. On imagine donc aisément le niveau de risque accepté par ces résistants, pour mener ces opérations, et donc leur courage.

L’action est symbolique, mais elle est exemplaire dans l‘expression du refus du régime, par une résistance de plus en plus nombreuse et audacieuse.

En conclusion, le temps que ce régime pourrait avoir à vivre, pourrait être beaucoup plus limité que l’on ne croit.

Comme l’a déclaré le « guide suprême » Khamenei, en 2019 : « Entre les demandes du peuple, et les objectifs de la République Islamique, je choisirai toujours les objectifs »…….

Ce refus, de la part du dirigeant d’un peuple de 82 millions d’habitants, de répondre aux aspirations légitimes de son peuple, ne peut se terminer que par une rupture, violente.

Le peuple iranien, pas le Guide, aura le dernier mot.

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