Le juste visage économique de la Russie.
On entend, et on lit d’abondance, depuis quelques temps, que l’économie russe se porte le mieux du monde, avec un taux de croissance de 3%. Cette affirmation permet d’en afficher une autre « les sanctions occidentales sont sans effet ». Mais, quand il s’agit de parler, ou d’écrire, sur la chose économique, il faut respecter quelques règles : y avoir quelques compétences, ne pas se contenter de répéter une seule donnée, et regarder la situation économique en question, à travers plusieurs critères.
Si l’on accepte le chiffre de croissance de PIB de 3% en Russie en 2023, il faut tout d’abord intégrer qu’il s’agit d’un taux de croissance très particulier, dynamitée par les dépenses militaires. Il ne s’agit donc nullement d’un taux ordinaire, comme le connaissent tous les autres pays du monde. Des États-Unis à la Chine, en passant par l’Inde et l’Union Européenne, le taux de croissance relève d’une activité globale, production et services, dans tous les domaines d’activité.
Il s’agit d’une croissance équilibrée, provenant de l’activité globale.
Présence ou absence du MULTIPLICATEUR
En mentionnant cet aspect, on voit immédiatement que la croissance russe est uniquement liée à l’industrie de défense. Or cette industrie est la moins redistributive, car elle est concentrée sur quelques firmes spécialisées.
Concrètement, quand on fabrique un char, on s’adresse principalement à l’industrie métallurgique, et à l’industrie électronique. Son utilisation, son déploiement, crée uniquement des dépenses à nouveau vers le même secteur.
Quand on construit une voiture, on fait appel naturellement aussi à l’industrie métallurgique, mais également à l’industrie verrière, à l’industrie chimique (peintures) à l’industrie caoutchoutière (pneumatiques) et à l’industrie électronique, à l’industrie des plastiques…. Dès que la voiture sort de chaîne, elle doit être assurée, entretenue, réparée….. Il est même nécessaire de prévoir des infrastructures, routes, autoroutes, parking….etc….
L’industrie automobile, prise à titre d’exemple, est donc redistributive. En économie, on emploie le terme de MULTIPLICATAEUR ….. 1.000 euros dépensés par l’industrie automobile vont IRRIGUÉS L’ENSEMBLE de l’économie d’un pays.
Les secteurs INDUSTRIELS où le MULTIPLISATEUR EST IMPORTANT sont bien sûr très nombreux…..
L’industrie de l’armement est un secteur où le MULTIPLICATEUR est des plus faibles. Il ne concerne que peu de firmes, et les séries sont faibles, donc ne CONCERNENT QUE DE FAIBLES EFFECTIFS, par rapport aux nombres de salariés d’un pays.
On comprend alors, à travers ces explications, que la croissance issue d’un surinvestissement militaire, crée le MINIMUM DE CROISSANCE COLLECTIVE….. !
La croissance russe, de très non niveau, ne profite au total qu’à quelques-uns, les privilégies de l’industrie de défense…. Les russes, ont hélas l’habitude….
Au-delà du taux de croissance, le taux d’intérêt
Il est habile de parler du premier, concernant la Russie, et bien sûr de cacher l’autre. Quels sont les experts les analystes, dans les médias écrits, télévisuels, ou radio, qui évoquent le taux d’intérêt de la Banque Centrale Russe…. ? Personne.
Or, nous savons tous, et particulièrement ces dernières années, que le taux d’intérêt d’une Banque Centrale, américaine, européenne ou asiatique, est un outil destiné à combattre l’inflation, quand on l’augmente, ou relancer l’activité d’un pays quand on le baisse. Un taux central faible signifie donc que l’inflation, aussi, est faible…..
Or quelle est la (secrète) situation Russe ? Depuis le mois de décembre dernier, le taux de la Banque Centrale Russe a été monté à ….16%.
Pour comparaison immédiate, celui de la Banque Centrale Européenne est de….. 4,25%
Cela signifie donc que le taux d’inflation, c’est-à-dire en d’autres termes la hausse des prix à la consommation est, au réel, supérieur à 10%…. !
Si le taux de la Banque Centrale est à 16%, cela signifie que les emprunteurs, entreprises ou particuliers ne peuvent obtenir des prêts inférieurs à …..18% …..
Quelle économie peut supporter cela ? Aucune, ni la Russie, ni aucune autre……sur le moyen ou le long terme. L’économie Russe s’ampute donc de tout investissement de la part des entreprises et des particuliers, dans son économie de guerre. Voilà la RÉALITÉ « décryptée » de l’économie Russe….. !
Et les autres paramètres…
Quand une économie se porte bien, on réduit les déficits budgétaires. Or en Russie actuellement, on se situe dans un cycle inverse, c’est pour cela que le pouvoir a décidé des augmentations d’impôts, surtout dirigées vers les entreprises.
Quand une économie va bien, la principale entreprise du pays, en l’occurrence, Gazprom, devrait voir ses bénéfices augmentés, surtout dans le domaine de l’énergie.
Non seulement, les bénéfices de Gazprom en 2024 ne sont pas en train d’augmenter, mais la société est passée d’une situation bénéficiaire à des résultats négatifs, donc des pertes, pour le début de cette année.
On s’aperçoit qu’en économie, comme dans beaucoup d’autres domaines, il faut faire preuve de compétences, et de sérieux, si l’on veut communiquer des analyses justes.
Si l’on veut faire, de la communication, voire, de la communication politique, alors là on est dans un tout autre domaine…..
Souvenons-nous des terribles mots de Goebbels…… « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose »
Les sanctions économiques occidentales font en réalité leur effet, sous la forme d’un affaiblissement économique, lent mais certain.
….. Triste Russie, pauvre peuple Russe.