Taux d’intérêt : puisse la Fed éviter les contretemps avec la BCE

banque centrale européenne

Jamais une décision de la Banque Centrale Américaine n’aura été attendue avec autant d’impatience. Elle revêt une importance primordiale pour l’économie mondiale. Des décisions malheureuses prises à la fin des années 2000 par la BCE illustrent la difficulté des opérations de hausse de taux et l’absence de droit à l’erreur.

Les marchés, et en premier lieu le marché monétaire, attendent avec impatience la décision de la FED du 17 Septembre.

Take-off or not take-off. That’s the question !

Remontée des taux ou non, voilà la question qui va devoir être tranchée.

Cette question est d’importance puisque qu’elle conditionne plusieurs paramètres de l’économie mondiale. Elle concerne en premier lieu évolution économique américaine à court terme, avec une hausse, ou non, des coûts de financement pour les ménages et les entreprises.

Parité euro-dollar et pays émergents

Mais elle aura également un impact sur la parité euro-dollar, même si les marchés ont tendance à anticiper. Enfin elle donne une impulsion à la rémunération des capitaux en dollar (car une première hausse laisse en entrevoir d’autres…) et incite par là des transferts des mauvaises monnaies vers les bonnes…

La situation dans les pays émergents, de plus en plus difficile, et en particulier la dégradation de leurs devises, ne pourra être que renforcée, aggravant encore leurs difficultés économiques par le renchérissement de leurs importations, et donc la hausse corrélative de leur inflation…

Une remontée inévitable, mais quand?

Il y a de très nombreuses années qu’une décision de politique monétaire, pourtant déjà dessinée par les déclarations de la Présidente, n’avait pas été attendue avec autant d’intensité. Elle impactera le monde entier, et les avis quant à son bien-fondé sont fort partagés. Si le taux zéro, à l’opposé des diamants, ne saurait être éternel, l’opportunité de le quitter en ce mois de septembre crée un vrai débat de fond.

L’économie américaine, et l’économie mondiale sont-elles prêtes pour un tel changement de cap ?

La croissance américaine se traduit par une amélioration de l’emploi depuis plusieurs années. Le taux de chômage est juste au-dessus de 5% ce qui est très satisfaisant. Mais a contrario, cette amélioration de l’emploi ne se traduit dans l’évolution de la demande intérieure, et d’autre part le nombre d’emplois créés mensuellement ne cesse de décroître depuis 9 mois…

La croissance américaine était projetée au début 2014 à 3,5% pour 2015, or les projections en cette fin d’année sont plus proches de 2,5%. La croissance est-elle dans ce cas assez solide pour faire face à une hausse des taux et à un renchérissement des financements ?

La grande prudence du FMI

La Directrice Générale du FMI a été très claire en demandant à la FED de bien s’assurer que tous les paramètres de l’économie américaine étaient à un niveau pouvant supporter un décollage des taux…

Et cette incitation à la plus grande des prudences, eu égard à la situation intérieure américaine, passait volontairement sous silence la fébrilité des marchés actions et matières premières résultant du décrochage des bourses du mois d’Août lié aux difficultés chinoises, et des pays émergents.

Deux exemples malheureux de hausse des taux, à l’initiative de la BCE

La FED n’a pas le droit à l’erreur. Une hausse serait-elle une saine impulsion ou une fatale erreur ? Un indicateur de bonne santé ou bien une impulsion négative pour le reste du monde, qui n’a pas besoin de cela ?

Nous avons connu avec une autre grande Banque Centrale, la BCE, des décisions de politique de taux qui se sont très vite révélées être de mauvaises décisions.

Après un an et demi de hausse régulière, à l’instar de la FED, Le Président Jean Claude Trichet, et le conseil avaient pris la décision en 2008, après un palier de 12 mois de repartir à la hausse, pour ensuite immédiatement l’annuler et s’engager dans une chute à nouveau parallèle au taux américain.

Un deuxième exemple spectaculaire, mais qui n’a pas été beaucoup commenté, est la hausse plus proche, d’avril 2011 de 25 points de base, suivie d’une hausse équivalente 3 mois plus tard… ! L’hydre de l’inflation était parait-il de retour… Nous l’attendons toujours…

Mais dès le départ de Jean-Claude Trichet, le 31 Octobre 2011, son successeur s’empressait (3 jours après son arrivée) de faire rebaisser le taux de la BCE de 25 points de base, en renouvelant l’opération un mois après… !

La FEDERAL RESERVE et sa présidente n’auront pas la possibilité de ce genre d’opération en volte-face. Les paramètres sont mondiaux.

Janet Yellen n’a pas le droit à l’erreur