Paru sur Le Contemporain - À l’heure où la guerre réapparaît sur le Vieux-Continent, la question énergétique revient sur le devant de la scène. L’occasion de faire le point avec Gérard Vespierre, expert sur le sujet.
En cette période de vacances et de déplacements, l'évolution du prix des carburants est un sujet sensible. Depuis quelques semaines les prix à la pompe sont repartis à la hausse. Pour quelles raisons? Cette tendance va-t-elle se poursuivre ? - Les prix à la pompe reposent sur 4 variables, le prix du baril, le taux de change entre l'Euro et le dollar, les marges de production et de distribution des pétroliers, et les taxes. Ces dernières (TIPCE + TVA) représentent 60% du prix à la pompe, le pétrole lui-même 25%, en arrondissant. Raffinage et distribution se répartissant les 15% restants - De ces 4 composantes du prix final, le pétrole représente la part la plus fluctuante. Elle cumule les aléas du secteur industriel, les décisions des pays producteurs réunis dans l'OPEP+, et les aléas géopolitiques (guerre, épidémie....). Sur les 5 dernières années, son prix a connu une amplitude incroyable de 20 à 120 dollars.....! - Sans que l'on en parle énormément, le taux de change dollar/euro constitue le deuxième facteur d'amplitude. Depuis sa naissance en 2001, le cours de l'euro a varié entre 0;9 dollar et 1,6 dollar..... - Du côté des taxes, la TVA est à 20% depuis ....2014....Seule la TICPE (Taxe Intérieure de Consommation des Produits Énergétiques) a connu des augmentations, particulièrement le gazole. Elle représente un montant par litre, et non pas un pourcentage. Elle s'échelonne pratiquement entre 0,60 et 0,70€/l selon les carburants, et les régions. Dans une telle situation, il est difficile d'évaluer quelle sera la tendance des prix d'ici la fin de l'année. L'Arabie Saoudite et la Russie souhaitent les cours les plus hauts. Ils diminuent leur production dès que le cours du baril s'approche de 70-75 dollars. Leur objectif de stabilisation semble se situer autour de 85 dollars. La grande inconnue reste la demande de la Chine. Un ralentissement chinois tirera le cours du brut à nouveau vers les 70 dollars......et une baisse des prix à la pompe.... mais Saoudiens et Russes réagiront, hélas......
Le 15 Août 2021 les Talibans prenaient le contrôle de Kaboul. Depuis 2O1O, les États-Unis avaient engagé leur repli militaire, en faisant passer leurs effectifs de 130.000 Hommes à 2.500..... Leurs négociations, pendant 2 ans; avec les Talibans ne prévoyaient pas de leur laisser le pouvoir.... - La conquête militaire complète du pays par les Talibans, et l'écroulement de l'armée régulière afghane, a surpris le monde. Dans ce pays où beaucoup de choses peuvent s'acheter, cette victoire en a certainement fait partie. Les achats de trahisons ont fait partie de la stratégie de cette victoire. - La conséquence fut la ruée de plus de 100.000 afghans, cherchant à fuir leur pays, et la dictature religieuse qui allait s'installer. En quelques jours, depuis l'aéroport de Kaboul, la capacité logistique militaire américaine a permis d'évacuer, dans la douleur, cette population. - Il s'est abattu sur l'ensemble du pays les lois islamiques, en particuliers sur les femmes et les jeunes filles, leur interdisant l'accès à l'éducation et au travail. L'Afghanistan est, depuis lors, plongée dans un profond marasme économique, et une désespérance sociale, forçant les Afghans à fuir leur pays. La sortie de cette crise économique et sociale n'est pas discernable. L'Iran, frontalier, est soumis à ce type de dictat religieux, et au même marasme économique, mais la révolte y gronde. Le peuple Afghan suivra-t-il un jour, ce même chemin...?
La création simultanée, par Riyad, d'un consul à Jérusalem et d'un ambassadeur non résident, pour les territoires palestiniens, place la barre très haute pour une première étape. Israël a refusé. Mais cette proposition constitue la première offre de formalisation de relations diplomatiques entre les deux pays. En cela elle est remarquable. La date du 12 Août 2023, s'inscrira dans l'Histoire. - La stratégie saoudienne comporte deux volets indissociables. L'ouverture vers Israël s'accompagne symétriquement d'une reconnaissance Palestinienne par l’État Hébreux. - Cet objectif final peut-il constituer la première avancée? Ne faudra-t-il pas passer par des étapes intermédiaires....? Liaisons aériennes, accords commerciaux...entre Israël et le gouvernement saoudien ? - Ce premier refus, n'est nullement significatif. Il fait partie d'un long cheminement L'ensemble de ce processus est supervisé depuis Washington, tant par la Maison Blanche que par le département d’État. La coordination entre les États-Unis et Tel-Aviv est permanente. De nombreuses autres étapes et,....soubresauts...vont suivre.
Montrer sa force pour ne pas avoir à s'en servir. Telle pourrait être le choix des pays souhaitant le retour du président Bazoum au pouvoir à Niamey. Les rassemblements de population servent à donner une image de la situation, ne reflétant donc pas nécessairement la réalité. Les images télévisées sont aussi destinées à influencer les citoyens français. A l'intérieur du nouveau pouvoir verra-t-on apparaître des candidats à un éventuel compromis ? En attendant, les Forces Françaises doivent impérativement se tenir à distance de toutes les tensions intérieures.
Les généraux soutenant ce putsch au Niger ne faiblissent pas. Le drapeau russe est agité dans les manifestations de rue et au stade de Niamey. Que vont pouvoir faire les pays de l'Afrique de l'Ouest réunis dans la CEDEAO? - Leur volonté d'intervenir militairement au Niger est avant tout une "arme diplomatique". Il est difficile et risqué de la transformer en "arme militaire" contre le Niger et les généraux putschistes. - L'ultimatum de la CEDEAO expire dimanche soir, deux options sont possibles. Elles offrent toutes deux des inconvénients. Un report de l'ultimatum constituerait un aveu de faiblesse ; une opération militaire attribuerait à la CEDEAO la responsabilité d'embraser tout le Sahel. - Pendant ce temps, l'Algérie condamne toute intervention militaire. Cette position favorise le maintien en place des généraux putschistes à Niamey et la progression de la Russie au Niger. Les premiers éléments du groupe Wagner pourraient déjà être arrivés en provenance du Burkina Faso. Le Kremlin fait face à une difficile situation en Ukraine. Depuis 30 ans, l'Empire Russe recule sur le continent eurasiatique, mais depuis 10 ans, l'emprise Russe s'étend en Afrique. Étonnant mouvement parallèle. Le recul de cette emprise africaine ne pourra passer que par un nouvel affaiblissement de Moscou, à l'image de son recul en Afrique après la chute de l'Union Soviétique...
Les pays de l'Afrique de l'Ouest savent qu'une intervention militaire au Niger serait difficile et dangereuse. Difficile parce que leurs forces ne sont pas entraînées à affronter ce type de situation politique, et dangereuse, car l'embrasement militaire de la région ferait le jeu des djihadistes. - La pression militaire est avant tout destinée à accompagner et renforcer les pressions diplomatiques et économiques sur les dirigeants du putsch. - Cette pression est avant tout destinée à faire apparaître de potentielles différences à l'intérieur du mouvement, en travaillant à les transformer en failles, donc en rivalités internes. - Cette pression globale a également pour objectif de créer une situation rendant nécessaire des échanges entre toutes les parties, nigériennes, régionales, et internationales La rencontre entre la représentante du Département d’État américain et les putschistes va dans ce sens. Même si les échanges ont été "difficiles" lors de cette rencontre, ils faciliteront ceux à venir entre la CEDEAO et les putschistes. Élément positif, la poursuite des négociations éloigne, à court terme, le spectre d'une intervention militaire.
En à peine deux ans, trois coups d’État ont déjà eu lieu au Mali, Guinée et Burkina Faso. Et maintenant le Niger. A chaque fois, les militaires ont constitué la force de renversement du pouvoir en place. Mais la situation nigérienne présente des différences, intérieures et extérieures, qui pourraient laisser entrevoir, cette fois, une évolution différente.
Les fortes tensions entre les putschistes du Niger et Paris, vont-elles mettre en danger les approvisionnements français en uranium? - Élément essentiel dans le fonctionnement de nos centrales électronucléaires, l'uranium fait l'objet d'une réelle stratégie d'approvisionnement de la part des autorités françaises, à l'image de nos équilibres dans la répartition de nos sources de gaz et de pétrole. L'uranium nigérien ne représente que 15% de nos importations. - Le Niger a également besoin des recettes que la France lui procure, L'uranium n'est nullement le pétrole, les clients sont peu nombreux. Il n'y a donc, pour les vendeurs, aucune flexibilité immédiate dans ce marché. - La France s'approvisionne principalement en Asie Centrale. Notre premier fournisseur est le Kazakhstan. En conséquence nous n'avons pas d'inquiétude à avoir, en tout cas pour le court terme.
Avec Général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU et Gérard Vespierre, analyste géopolitique et fondateur du site « le monde décrypté
